Haïkaïs


HAÏKAÏS D'UN PROPRE INSTANT
_____________________


Elle n’a plus envie
D’un décor en double fond
De battre des cils.

*

Comme tu m’étonnes
Un couteau dans le cœur
J’écoute le soir.

*

Sans quoi toi et moi
Nous marchions côte à côte
Le regard ensemble.

*

Le haut des bas
J'en suis fou, je suis fou
De bas en haut.

*

Alors à l’arrière
Les joues coupées par le vent
Ca a tout d’une danse.

*

Couleurs, couleurs
Elles crient aux passantes
Un chant orange.

*

Enfance il pense
A la vie, à la mort;
Adulte il dort.

*

 La Ciota
Pierre de sable, sable de pierre
Mémoire d’enfant.

*

Au milieu de tout
Elle se tient accroupie
Au milieu de rien.

*

Le droit à l’erreur
Je le sens, je me le sens
D’humaine envergure.

*

J’habite ta page
Au creux des mots du monde
J’habille ta page.

*

Un verre d’eau plate
Je t’y bois à travers
Tu seras claire.

*

J’aime bien ton histoire
Le noir se broie dans le soir
Toi, tu t’illumines.

*

Ame en suspens
Les pensées grondent, arrivent
Le temps s’étend.

*

Arrive d’en haut;
En bas du bâtiment,
La vie s’emploie.

*

-- Je ne suis pour toi
Qu’une page seule de ton histoire.
-- La plus importante.

*

Je ne me sens bien,
Serein que sur un terrain
Un ballon au pied.

*

A part entière
Un corps s’anime, s’enivre
Devant, derrière.

*

Ici tout va bien,
J’écris une lettre au hasard,
Je saigne encore.

*

De ville en ville
Le silence se dérange
Pour rien, pour toi.


*

Je tue tes frères
« Oh qu’elle est belle la guerre! »
Tu tue les miens.

*

De haut en bas
Tu t’allonges, te débats
De bas en haut.